dimanche 1 juin 2014


                 la peinture comme compagne

                                  Texte de Jean-Luc Van Gheluwe

Avant de connaitre RIVA,
je me suis promené parmi ses arbres;
j'ai rencontré sur les toiles certaines femmes.
Des femmes toujours montrées avec bienveillance,
avec admiration peut être.
Seules ou parmi les arbres, elles apportent généralement
des touches de couleurs chaudes et du mouvement.
Les femmes dansent, s'allongent, côtoient des fleurs ou des oiseaux,
animent un univers qui sans elles peut sembler figé.

RIVA peint des femmes, l'une après l'autre,
mais elles restent un peu en dehors de lui,
il aspire à peindre la femme,
celle de l'origine, celle de la création, celle qui engendre.

Cette quête de la vie, il la dirige plus sûrement vers l'arbre.
A travers lui, il compose, il interroge un univers
à la fois étrange et familier, toujours accessible.
Familier par son sujet:
l'arbre fait partie de nos connaissances, voire de nos intimes.
Quand le regard s'engage vers la toile,
l'arbre est bien arbre,
par sa silhouette et ses couleurs.
Mais il n'est pas que cela,
il n'est pas vraiment celui que nous rencontrons
dans la nature.

Le vert est souvent bleuté,
il appelle la lumière blanche qui dissipe les formes
autant qu'elle les suscite.
Dans un temps qui semble arrêté autour de scènes immobiles,
les halos lumineux poussent vers l'irréalité,
la présence divine ou l'intimité de la pensée.
On s'égare dans une forêt extraordinaire
où certaines apparitions nous dépassent.

Pourtant,jamais l'inquiétude ne nous saisit,
ni la lassitude.
Les couleurs froides suscitent des impressions douces,
une chaleur humaine nous sollicite.
La sécheresse de la répétition stérile
n'est pas de mise.
C'est dans la richesse d'un univers intérieur que nous pénétrons.

RIVA nous y invite.
Sa peinture est généreuse en ce qu'elle tente
d'approcher une vérité destinée à être partagée.
Il peint par besoin,
les toiles jalonnent son existence.
Longtemps il ne les a pas montrées.
Convaincu désormais d'approcher une évidence
il pressent que d'autres y seront sensibles.
Ne pas tricher avec soi-même,
accumuler les tentatives, les reprises, les tâtonnements
RIVA attend le moment juste
où la main est en osmose
avec le coeur et la pensée.

Grace au dessin , il prend du recul,
ne prépare pas directement une toile
mais se régénère, réfléchit,
ce qui lui permettra d'infléchir les travaux futurs.
Il dessine pour peindre autrement,
en quelque sorte.

Cette recherche minutieuse n'empêche nullement
une jouissance sensorielle.
RIVA peut se montrer gourmand de matière .
Les couleurs alors s'accumulent, prennent de la consistance.
La réalisation de grands formats
lui donne la sensation de s'incorporer à la toile.
Les sensations physiques 
rejoignent alors l'intention spirituelle.

Vingt cinq ans ont passé.
Le temps pour un frêne d'acquérir une belle taille,
tandis qu'à cet âge le chêne est encore bien jeune.
L'homme a vieilli.
Sa peinture a mûri.
Comme l'arbre concentre son énergie à la croissance,
RIVA consacre son temps à la peinture.
Il peint des arbres, il peint des femmes.
La lente évolution débouchera un jour
sur d'autres thèmes
qui s'imposeront à lui

RIVA et la peinture n'en ont pas fini avec leur histoire.